Dans une tribune publiée sur Facebook puis sur Slate, Yann Champion, un père en colère alerte sur les dangers du cytomégalovirus (CMV), virus transmis au fœtus pendant la grossesse. En effet, il a lui-même perdu son fils Aubin, âgé de cinq semaines, à cause de ce virus.
Dans sa tribune, il a exprimé sa colère au sujet de cette infection dont personne ne parle mais qui a tué son fils. En voilà quelques extraits.
« POURQUOI tant de gynécologues continuent-ils de considérer le CMV comme un truc anodin, pas dangereux ? (allez voir les enfants touchés, sérieusement… surdité, cécité, handicaps mentaux et moteurs… j’ai vu une petite fille qui était sourde ET malvoyante ET handicapée moteur à cause du CMV… c’est anodin, ça. », s’insurge-t-il.
Qu’est-ce que le CMV ?
Le CMV est une des plus fréquentes infections virales congénitales dans les pays développés. Ses symptômes, s’ils ne passent inaperçus, sont assimilables à ceux de la grippe : rhume, fièvre peu élevée.
Tout comme la toxoplasmose ou la listériose, les risques du CMV sont très importants chez la femme enceinte. En effet, elle peut transmettre le virus à son futur bébé. Pourtant en France, le dépistage de ce virus n’est pas systématiquement effectué pendant la grossesse.
Raison pour laquelle Yann Champion s’insurge. « POURQUOI dépiste-t-on la toxoplasmose et pas le CMV en France ? […] Si vous connaissez des femmes enceintes, n’hésitez pas à leur en parler, je vous en prie, c’est important. Faites passer le message. » Ce message a été partagé plus de 200 000 fois sur Facebook.
Quels sont les risques pour une femme enceinte ?
Lorsqu’une femme enceinte est atteinte par le CMV, les risques de transmission de la mère à l’enfant est de 15% au premier trimestre et augmente ensuite jusqu’à 60%. Si le fœtus est contaminé au cours des trois premiers mois de grossesse, il y a de fortes possibilités de mort in utero ou des séquelles psychomotrices.
10% des bébés affectés in utero par le CMV ont des symptômes et courent un risque grave. 5% ont des troubles auditifs dans l’enfance, les autres n’ont aucun symptôme. Il faut toute de même nuancer ces propos en disant que 0,5 à 1% des nourrissons sont infectés par ce virus.
Pourquoi ce virus n’est pas systématiquement dépisté chez la femme enceinte ?
La Haute Autorité de santé (HAS) recommande de ne pas faire de dépistage systématique du CMV car il n’existe aujourd’hui que des traitements expérimentaux pour ce virus. Pourtant, il est prescrit à certaines femmes, parfois même sans le savoir car il est prescrit en même temps que la toxoplasmose, la rubéole et l’hépatite B. Mais ce dépistage reste selon lui très inégal selon les régions.
Certains gynécologues avancent que le dépistage systématique aboutirait à un excès de stress, à des interruptions volontaires de grossesse (IVG) ou à des interruptions médicales de grossesse (IMG) injustifiées. Par ailleurs, les conséquences dramatiques liées à ce virus sont extrêmement rares. Au-delà du dépistage systématique qui reste controversé, les parents confrontés à ce virus restent incrédules face au manque d’information.
En effet, beaucoup de femmes enceintes ne sont pas informées sur ce virus alors même qu’elles ont un ou des enfants de moins de trois ans susceptibles de les contaminer. Le post de Yann Champion aura eu le mérite de mettre en lumière cette maladie. L’association CMV « Chanter marcher vivre » a reçu des centaines de messages de parents qui ne connaissaient pas non plus le CMV avant d’y avoir été confrontés.
Comment limiter les risques ?
Pour limiter les risques de transmission, il faut pour cela respecter des règles d’hygiène assez simples avec les enfants de moins de trois ans. Se laver les mains en cas de contact avec les urines, ne pas manger avec les mêmes couverts ou boire dans le même verre et ne pas embrasser le bébé sur la bouche.
En effet, une étude réalisée en 2008 et en 2009 dans une revue internationale montre que ces simples mesures d’hygiène permettent de diviser le risque d’avoir le virus par quatre. Toutefois, ces mesures restent assez contraignantes pour les mères de famille ou personne travaillant dans le secteur de la petite enfance.
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