Après les attentats du 13 novembre beaucoup de parents se demandent comment ils peuvent parler de ces événements tragiques avec leurs enfants.
Le réseau de psychologues du groupe Visov a publié ce samedi une série de conseils simples pour aborder, avec la prudence nécessaire, les attentats de Paris. Ci-dessous vous retrouverez l’article de Sabine Cariou, psychologue clinicienne, psychanalyste et membre de Visov.
Que dire à nos enfants ?
“Difficile de mettre des mots pour d’autres lorsqu’ils sont ardus à poser pour soi-même. Mais pourtant, il est nécessaire de parler aux enfants. Hélas, il n’y a pas de mots, de phrases magiques qui permettraient de mettre du sens là où il n’y en a pas.
Dans un premier temps, il s’agit aussi de permettre à l’enfant de sortir de la submersion d’informations dans lequel il est plongé car :
- les informations sont répétitives, changeantes et ce, de manière très rapide créant un effet de sidération dont il est difficile de s’extraire,
- l’enfant n’a pas les mêmes « outils psychologiques » qu’un adulte pour appréhender, comprendre, digérer les images, les émotions brutes, l’angoisse…
Dans un second temps :
- Restaurer un espace-temps
C’est parler de l’événement en le situant dans un espace (Paris c’est là en France et nous nous habitons ici…), dans un temps (c’était pendant qu’il faisait nuit… le 13 novembre….).
- Parler de l’événement et de ses émotions
« Je suis triste, en colère, angoissé…mais ce n’est pas de ta faute, tu n’y es pour rien, c’est à cause d’événements graves …»
Parler de ses émotions est important, dans une certaine mesure, quand elles ne submergent pas le discours au risque que l’enfant ne retienne que les émotions et non les mots qui sont posés sur la situation. En parler avec détachement, froideur, est un décalage que percevra l’enfant amenant à plus d’incompréhension encore.
Déculpabiliser l’enfant de l’état émotionnel de l’adulte est tout aussi important, car il pourrait s’en rendre responsable et tenterait de réparer avec ses moyens risquant de se sentir impuissant, incapable si l’adulte « ne va pas mieux ».
C’est aussi, quand il en a l’âge, lui permettre d’en parler, s’il le souhaite. Ouvrir le dialogue, la discussion, l’inclure dans les conversations : « qu’en penses-tu ?… comment vis-tu les choses ?…»
En outre, d’autres médias que la parole sont possibles notamment le dessin, le jeu qui mettent en scène des représentations des émotions et du vécu de l’événement.
- Parler sincèrement sans avoir réponse à tout :
« -Est-ce qu’il y va avoir la guerre, papa ? » «- Je ne l’espère pas, le gouvernement fait des choses pour nous protéger… »
Donner la possibilité de penser que des solutions sont envisageables, qu’il y a une possibilité de reprendre la maîtrise mais sans donner l’illusion d’une vérité absolue. Rien ne sert de mentir sinon à entamer la confiance de l’enfant en la parole de l’adulte…
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